Le dire la Dieue et la formation de la théologie universitaire, III. Je procéderai en trois temps. Nous pourrons dire : Sophia-Dieu est en rapport de solidarité avec les êtres qui souffrent, et cette relation est un mystère de dynamisation. La Dieue, « e », « ce mot est là », voudrais-je dire en employant l’expression de Karl Rahner. Le problème traditionnel de l'immanence et de la transcendance se pose aujourd'hui en termes de pouvoir et non plus de référence intellectuelle ou ontologique. Voir Sallie McFague, Models of God. The postmodern predicament is about the feminization of poverty ; it is also about the rising rates of female illiteracy and the structural unemployability of large sectors of the population, especially the youth[14]. J’avais vingt-cinq ans et j’étais étudiante au doctorat en théologie lorsque j’ai participé au colloque de L’autre Parole sur Dieu et à la création collective d’une nouvelle manière de dire la Dieue. Selon Anne Marie Dalton, une théologienne de la Nouvelle-Écosse, Elizabeth A. Johnson, Rosemary Radford Ruether et Sallie McFague « produisent quelque chose de nouveau[36] » en théologie par les liens qu’elles nouent entre la praxis de libération, d’une part, et le lien à la création divine, à la terre, à la nature, d’autre part, ainsi que par le développement du thème anthropologique et divin de la relationnalité. J’adopterai cette stratégie pour comprendre le dire la Dieue. En termes théologiques, il s'agit de dresser la liste des attributs divins en s'efforçant d'opérer leur conciliation. Rosi Braidotti, « Nomadic Subjects. Le divin demeure le fondement de la liberté ou, dit avec Paul Tillich, « le fondement de l’être ». Dans le processus de mondialisation et de fragmentation caractéristique de ce temps, on assiste à une augmentation d’oppressions spécifiques. Cette parole demeure tournée vers l’acte d’énonciation d’une identité féministe. Du sens kierkegaardien de la transcendance du Dieu absolument différent, le passage s'est fait, au xx e siècle, à un ensemble bariolé de significations multiples, où se trouve impliqué le dépassement, l'aller-au-delà (transcendere) du donné immédiat. Mais tout à leur dispute, ils ne songent guère à renouveler le problème. Ce qui est en question, c'est la nature et l'étendue du pouvoir scientifique, politique, philosophique, de l'humanité sur elle-même : peut-elle désespérer et s'abandonner à des forces supérieures et « DIEU - Problématique philosophique », Encyclopædia Universalis [en ligne], Une libération advint. La théologienne construit le symbole d’une trinité chrétienne en appliquant une méthode de théologie de la corrélation : Mère-Sophia, Jésus-Sophia et Esprit-Sophia. On trouve une première analyse théologique du dire la Dieue dans Denise Couture, « Désapprendre les habitudes inculquées par le “Prince Aspérité” », L’autre Parole, 51 (1991), p. 21-30. According to the author’s hypothesis, the feminization of the divine refers to a feminist assertion and does not imply foremost that the Christian Dieue is female. A Study of Women in Contemporary Philosophy, New York, Routledge, 1991, p. 158. Suite aux réponses du philosophe, le théologien a renouvelé et déplacé ses critiques. « (…( ces moments de grâce où la puissance de Dieu se trouve comme actualisée (…( » (Id., « Dieu qui agit, d’après G. Ernest Wright et Paul Tillich », dans R. Mager, dir., Dieu agit-il dans l’histoire ? The Process of Modernisation and the Quest for Meaning, Boston, Kluwer Academic Pub., 1995, p. 132). J’expliciterai cet énoncé avec Rosi Braidotti qui analyse de manière éclairante, d’un point de vue féministe, la période de la postmodernité que nous vivrions présentement[10] ainsi que les possibilités offertes en ce temps au mouvement féministe. Deuxièmement, j’analyserai ses conditions d’émergence et d’usage dans le domaine de la théorie féministe. C'est en ce monde qu'en certaines situations limites l'existant découvre ce que Jaspers (toujours fasciné par Kierkegaard et Nietzsche, et chez qui demeure vivace l'idée du dépassement de l'humain) appelle les chiffres de la transcendance. Les études langagières des théoriciennes féministes ont conduit à la question de savoir, comme femme, à partir d’où parler. Tradition chrétienne et théologie féministe, Paris, Cerf, 1993, 301 p. ; Sandra Schneiders, Beyond Patching. La théologienne a la tâche de poursuivre une analyse théologique sur ce mot. Ainsi Descartes n'avait aucune peine à établir l'existence de Dieu, à partir de l'idée du parfait, qu'il trouvait impliquée dans chacun de nos jugements, présente dans chacune de nos pensées. La crise de la transcendance. (C’est l’auteure qui souligne.). Une des premières questions du féminisme est de savoir par quelle voie une femme peut entrer dans le discours. L'analyse du mouvement en trois temps permet cependant de les distinguer ; la fin du mouvement s'app […] Est transcendant ce qui est « trans », « au-delà », sous-entendu d'une frontière de l'humain ; est immanent ce qui est à l'intérieur de cette frontière, dans l'« en deçà » ou l'« ici-bas ». Pour la première fois, le divin vient s’installer d… « Héritage et projet », 54), 1994, p. 133-146. Pour celui-ci, la première question que doit poser la théologie est de savoir « quel type de récepteur suppose le christianisme pour que son message ultime et le plus essentiel puisse simplement être entendu[20] ». L’autre Parole l’a adoptée par la suite dans ses rituels et dans sa théologie féministe. du latin trans « par-delà », et ascendere, « monter » Caractère de ce qui est transcendant c'est-à-dire qui est au-delà du perceptible et des possibilités de l’entendement. Ce qui est transcendant est ce qui est au-delà de ce que l'on admet communément être capable (humainement) de pouvoir penser[réf. Il est intéressant d’interpréter le sens de la Dieue chrétienne en s’inscrivant dans le cadre théorique de la théologie qui a pris le tournant anthropologique. Lire la suite, «  Dieu aimeras et ton prochain comme toi-même. moral et notamment dans le cadre des mor. Les théologiennes ont critiqué le dualisme esprit/corps, raison/intuition, homme/femme, transcendance/immanence[32] et, pour contrer l’effet de pouvoir du premier pôle, elles ont mis l’accent sur l’immanence divine et valorisé la relationnalité et le lien à la nature.