Au fur et à mesure que leur cavale s’intensifie, les épreuves rencontrées les contraignent autant à imiter ceux qui les ont mis dans le pétrin (à un moment, Thelma braque une banque en s’inspirant des confidences de l’auto-stoppeur) qu’à se la jouer cow-boy dans un geste de revanche face à la bêtise malsaine des hommes. Or, si l’opposition est posée d’entrée entre les deux femmes (l’une veut s’émanciper, l’autre veut se caser), la scénariste va rapidement accentuer leur réunion et s’amuser à la tordre par le biais du thème du double au détour de quelques scènes faussement anodines : par exemple, au début de leur voyage, Thelma s’observe dans le rétroviseur en fumant une cigarette, et dit « Je suis Louise ». Un bon gros coup d’accélérateur, et leur voiture s’éloigne des flics jusqu’à s’élancer tout à coup dans le canyon, cadrée dans une légère contre-plongée. Un grand merci pour m’avoir donné envie de le revoir. Si l’émancipation de Thelma et Louise ne pouvait pas se régler ailleurs que dans une autre vie (d’où ce suicide en forme de pied-de-nez à la violence du monde), alors cette autre vie est devenue la réalité (la nôtre, pas celle présentée dans le film). Sans doute parce qu’il appuie précisément là où les fondations risquent de s’écrouler. On ressent alors diverses choses : sa mélancolie face à une vie qui ne sera plus jamais la même, la fatalité qui ne cesse de la rapprocher d’une fin potentiellement tragique, l’inscription de l’individu dans un décor mythologique qui réveille en lui sa force et son désir de liberté, son silence méditatif en écho au silence éternel des décors originels. PHOTOGRAPHIE : Adrian Biddle Ainsi est définie la narration du film : une suite d’épreuves. courte-focale.fr/cin…, Le mois d'août sera cinéphile ou ne sera pas. REALISATION : Ridley Scott Premier arrêt, premier saloon, premiers ennuis et tout bascule. Celui du sexisme, ici combattu par deux héroïnes qui empiètent sur un territoire de violence machiste pour retrouver leur indépendance. twitter.com/Guillaum…, Extrême et dévastatrice, la nouvelle création de Gaspar Noé fait du Cinéma la cible d'un tsunami acide et stroboscopique. Alors, ça donnait quoi cette année du côté des divertissements familiaux ? Evoluant du statut de pipelettes frustrées à celui d’amazones délivrées, Thelma et Louise sont ici des victimes de la causalité, qui mutent avant tout en hors-la-loi sous l’effet de l’environnement qui cherche à les enfoncer toujours plus bas. Féministe assurément , mais aussi poétique et émouvant, avec une mélancolie étrangement traversée d’humour ..Ode à une amitié , voire une sorte de gémellité qui transcendent ces deux personnages . Là encore, l’énergie du western les fait ressortir grandies de chaque épreuve, telle une catharsis radicale qui égratignerait autant l’Amérique profonde que la misogynie d’un genre exclusivement masculin. Le choix de Ridley Scott comme réalisateur ne pouvait d’ailleurs que suivre cette logique : outre le désir d’offrir des premiers rôles forts à des femmes (ce qu’il avait déjà fait dans Alien en castant Sigourney Weaver pour un rôle initialement masculin), ce cinéaste européen, perpétuellement attaché à la richesse picturale d’un cadre surchargé de micro-détails, pouvait dès lors poser son regard de non-initié sur les grands espaces américains, revisitant à sa manière les codes du western afin d’inscrire l’histoire dans l’Histoire. Parce qu’elle porte le degré d’émotion du film à un pic démesuré. Mais bizarre, cette fin ne semble pas en être une…. Le voyage fut mouvementé : un meurtre, un braquage à main armée, un camion-citerne explosé, sans parler d’un flic enfermé dans le coffre de sa voiture. A bien des égards, le film de Ridley Scott aura constitué une date dans ce domaine-là, tant et si bien que l’énorme polémique qui aura entouré sa sortie aux Etats-Unis n’aura pas manqué de dépasser le cadre du film lui-même pour déborder sur le contexte sociétal. twitter.com/Guillaum…, Grand Prix cannois en 1997, le plus beau film d’Atom Egoyan émeut et envoûte, autant par sa mise en scène que par son sujet délicat. Vos yeux et vos oreilles s’en souviendront toujours. Merci, Cette semaine sera consacrée à Steven Soderbergh, l'homme qui savait tout faire. Parce qu’elle est inoubliable. Elle est toujours là, mais elle a juste changé de visage. Superbe analyse d’un magnifique film qui a marqué mon adolescence rebelle. ❤ Film culte que je reverrai volontiers à la lumière de tout ce que dévoilez des choix du réalisateur pour accompagner les messages symboliques (le rôle du paysage, les plans serrés sur les visages…) et bien sûr pour l’inoubliable fin, par laquelle vous ne pouviez en effet que commencer