L’évocation du lieu répond à une structure très nette : plan d’ensemble dans le premier quatrain avec les albatros qui suivent le navire, plan rapproché dans le deuxième quatrain – un albatros se retrouve cette fois sur les planches −,  confrontation de l’oiseau et des marins dans le troisième quatrain. L’oiseau est donc promis à une souffrance déjà suggérée au vers 2. (1857) englobe la quasi-totalité de la production de Baudelaire de 1840 jusqu'à sa mort en 1867. Au cœur des débats sur la fonction de la littérature de son époque, Baudelaire détache la poésie de la morale, la proclame tout entière destinée au Beau et non à la Vérité. Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Son « h » aspiré provoque un hiatus qui brise le rythme de la lecture et suggère un climat d’agression et de brutalité. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Albatros connote à la fois l’univers maritime et céleste. L’albatros devient le poète, les marins deviennent le théâtre de la vie du poète. On relève l’emploi de nombreux termes dévalorisants pour qualifier l’oiseau lorsqu’il est sur le sol : « maladroits et honteux », « piteusement », « comme des avirons », « traîner », « comique et laid », « l’infirme », « gauche et veule ». La majuscule au nom « Poète » ainsi que la métaphore « prince des nuées » (qui n’est pas sans rappeler le surnom de « Prince des poètes » qui avait été attribué à Ronsard) suggère l’importance de cette figure. On assiste très vite à un renversement de situation : l’oiseau, qui dominait par son envol le ciel, la mer et le navire, se transforme en victime. Cette strophe se fait remarquer par la caractérisation de l’albatros. Lui, naguère si beau (V.10). qui ont toutes une valeur emphatique :  c'est tout l'aspect majestueux et souverain qui est déployé. Comme le suggère le titre de son recueil. Tout comme l’oiseau, le poète est incapable de s’adapter aux réalités de la vie ordinaire et un sentiment constant d’exclusion l’habite. Assonance en [en ] qui accentue la majesté de l’albatros : souvent, indolents, glissant. Les antithèses s’accumulent entre grandeur et chute, spiritualité et matérialité, ciel et terre, poète et foule. Le Poète est semblable au prince des nuées Baudelaire nous livre donc ici le portrait d’un poète déchiré entre la grandeur et la souffrance, entre spleen et idéal. Le jugement le condamne à une forte amende et il entraîne la censure de six poèmes jugée immoraux. Les trois premières strophes nous font donc part d’une anecdote qui met en scène la cruauté des hommes vis-à-vis des oiseaux. Connaissant la comparaison entre l’albatros et le poète, une lecture éclairée nous permet de comprendre un thème traditionnel à Baudelaire : la solitude de l’homme de génie au milieu de la foule (les hommes d’équipage). L'albatros traduit chez Baudelaire la conscience d'être différent des autres. Le recueil scandalise la société conformiste et soucieuse de respectabilité. Theme: Autofocus © 2013 - Hébergé par Overblog. souligne certes l’envergure exceptionnelle de cet oiseau mais, par hypallage (oiseau des vastes mers) elle peut aussi suggérer sa symbiose avec l’immensité des espaces qu’il parcourt. Le personnage doit-il être exceptionnel dans la Princesse de Clèves ? Le poème fonctionne donc sur un principe de réinterprétation, après avoir découvert l’enjeu à la quatrième strophe. INTRODUCTION. (V.10) L’opposition entre les qualificatifs mélioratifs {ailé (V.9), beau (V.10)} et dépréciatifs {gauche et veule (V.9), comique et laid (V.10)}, voire antithétiques (beau/laid) fait sentir le tragique de la condition de l’homme/oiseau. Baudelaire représente donc le poète comme un albatros. Bienvenue sur ce site de ressources littéraires pour les élèves de lycée dirigé par Julien Strycharek, professeur de français. Comment le poème met-il en évidence la déchéance du poète ? Le tragique de sa condition se lit constamment dans le rappel de sa grandeur passée opposée à sa misère présente : Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’action, mise en valeur par l’enjambement (Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage / Prennent des albatros…), prend un caractère subit et brutal. La torture subie par l’oiseau est donc à la fois physique et morale. L'image de l'Albatros capturé évoque l'idée d'être totalement étranger au monde qui l'entoure. L’assonance en [eu] (« piteusement », « veule », « gueule ») mime la déchéance de l’oiseau. L’importance accordée à cet oiseau se lit dans la place que tiennent les périphrases : la première  (vastes oiseaux des mers) occupe tout le second hémistiche du vers 2, la seconde (indolents compagnons de voyage) neuf syllabes du vers 3. Le navire glissant sur les gouffres amers. Ainsi, les « hommes d’équipage » du vers 1 pourraient symboliser la société qui persécute le poète, le fait souffrir lorsqu’il n’est pas dans son univers naturel.