La famine de 1920-1921 fait elle-même plusieurs millions de morts parmi des paysans déjà très éprouvés par la guerre et par la violence des collectes forcées. Beaucoup sont morts "par le froid et la famine", "par les neiges et les tempêtes", sur des terres gelées, blessés sans médecins pour les soigner parce qu’ils pensaient instaurer pour toujours la paix, la liberté, la justice sociale... Il suffit de lire le compte rendu de quelques batailles décisives pour se convaincre de l’importance de la conviction politique dans ces victoires remportées par l’Armée rouge. Les fronts adverses s’effondrent les uns après les autres, et les puissances étrangères se retirent. 7 Mouvements sociaux Avancées démocratiques Révolutions, 1er mars 1919, Jeanne Labourbe, institutrice communiste, est fusillée à Odessa, 25 et 26 mai 1918, la Légion tchèque se soulève et sépare la Sibérie de l’URSS, 17 décembre 1918 : L’armée française débarque en Russie pour combattre la Révolution et accaparer les richesses, 20 avril 1919 : Les mutins de la Mer Noire hissent le drapeau rouge sur les vaisseaux de guerre français (le France, le Jean Bart, La Justice), 2 juillet 1920 : Le général Toukhatchevski et la Révolution russe, 6 février 1919 A Tiraspol éclate la première mutinerie française de la Mer Noire, 24 décembre 1918 L’armée blanche sibérienne de Koltchak prend Perm et marche vers Moscou, Génocide des cathares et crimes contre l’humanité perpétrés dans le Languedoc au 13ème siècle ? Selon Serge Wolikow, « la guerre civile forme le Parti et fabrique une politique identifiée à la révolution sans être celle qui avait été rêvée. De surcroît, les Polonais, qui viennent juste de retrouver leur indépendance après un siècle et demi d'occupation étrangère, font bloc contre un envahisseur qu'ils voient d'abord comme russe avant de le voir comme révolutionnaire. Une discipline de fer a été rétablie sur les ouvriers. L'effet de surprise et les morts spectaculaires (vomissements de sang) font fuir l'ennemi. En 1920, la Pologne, mécontente de la ligne Curzon qui fixe ses limites à l'est, envahit la Russie bolchevique. L'Opposition ouvrière d'Alexandra Kollontaï et Alexandre Chliapnikov, qui critiquait les méthodes du « communisme de guerre », est ainsi défaite et obligée de s'incliner. D'autre part, les masses ont laissé gagner les bolcheviks, en dépit de nombreux heurts. Un ambitieux programme de lutte contre l'analphabétisme a été mis en place par Lénine bien avant la fin des combats, ainsi que de développement de la culture physique et sportive, de lutte contre l'alcoolisme et l'antisémitisme… Les Komsomol ont été fondées dès novembre 1918 pour convertir la jeunesse soviétique. Les camps compteront 25 000 détenus en janvier 1923, pour des effectifs pénitentiaires d'environ 70 000 individus. De nombreux autres encore sont chassés des villes par la faim, et retournent à la campagne[26]. Les prisonniers rouges sont abattus à la mitrailleuse dans des fossés. Elle sert aussi à prélever de force le ravitaillement chez les paysans, ou à briser un nombre croissant de grèves ouvrières[10]. Les célèbres appartements communautaires sont nés, ils vont marquer la vie quotidienne des Soviétiques jusqu'à la fin de l'URSS et au-delà. La lutte la plus dure oppose surtout les bolcheviks — tout comme les Blancs — à des campagnes qui refusent souvent la conscription et les livraisons de céréales obligatoires (la ruine de l'industrie ayant depuis 1915-1916 privé les villes de biens de production à offrir en échange aux campagnes). La révolution d'Octobre a donc aussi une dimension de révolution culturelle. Les comités d'usine ou de quartier qui proliféraient depuis 1914 et surtout 1917 ont été « phagocytés » par le Parti[27]. Fin 1921, il ne restera plus que 900 emprisonnés politiques. Dire 1 millions de morts dans un pays qui a 200 millions d’habitants n a pas la même résonnance que si le pays a 2 millions d habitants. S'y mêle ensuite la peur de la contagion révolutionnaire. À partir d'avril 1918, les Alliés — français et britanniques — interviennent dans le Nord et dans le Sud du pays, mais d'abord pour contrer l'occupation allemande. ; dans les bourgs et les régions agricoles, où les bolcheviks sont très minoritaires (Koursk, Voronej, Orel, dans les villes de Sibérie, etc. Environ 30 % des officiers tsaristes auraient choisi l'Armée rouge, par intérêt, par patriotisme ou… par souci de l'ordre[9]. À partir d'avril 1918, les Alliés — français et britanniques — interviennent dans le Nord et dans le Sud du pays, mais d'abord pour contrer l'occupation allemande. Une fois la révolution d’Octobre lancée, la seule solution pour les pauvres consistait à aller jusqu’au bout. Le salaire aux pièces honni de tous a été réinstauré dès le 3 avril 1918. Le territoire soviétique atteint sa configuration historique ; il consolide son pouvoir sur ses marges orientales (Extrême-Orient russe, Mongolie) ; les révoltes paysannes localisées en Ukraine et dans le Sud de la Russie sont réduites courant 1921. Ils tinrent jusqu'à ce que les anarchistes ukrainiens et l'Armée rouge, qui avait participé à la guerre contre la Pologne, débarquent. De même, à Oufa, en septembre, un front anti-bolchevik unifié avait formé un gouvernement provisoire et un directoire siégeant à Omsk. Mais une grave désobéissance de Staline met l'Armée rouge en vulnérabilité stratégique. La Tchéka voit ses effectifs gonfler. La gestion de la crise par Lénine suscitera de lourdes controverses. Ils sont fusillés en représailles aux assassinats le 15 janvier à Berlin de Rosa Luxembourg et Karl Liebnecht [16]. Un certain nombre de réformes ont également été introduites dès 1918 : par exemple passage au calendrier grégorien, ou séparation de l'Église et de l'État (suivie cependant par des années de violence antireligieuse et la création d'une « Église vivante » contrôlée par le pouvoir)[20]. La théorie bolchevique juge que la violence est un moteur de l'Histoire. Ils tinrent jusqu'à ce que les anarchistes ukrainiens et l'Armée rouge, qui avait participé à la guerre contre la Pologne, débarquent. De décembre 1917 à novembre 1918, les banques sont nationalisées ainsi que les chemins de fer, les moyens de transport et les entreprises de plus de 500 000 roubles de capital ; la propriété foncière est abolie, sans indemnités.