14Ces médecins ont choisi leur profession pour différentes raisons : l’influence d’un moment clé vécu durant l’adolescence, un proche œuvrant dans le milieu médical, le besoin de se sentir utile, l’attrait pour les aspects scientifiques ou humains, etc. 19 Expression de Claudia (Colombie, en résidence au Québec). Ces professeurs ont bénéficié de conditions de recrutement particulières. Au Québec et au Canada, les politiques d’immigration visent à attirer « les meilleurs et les plus brillants ». Smith Micheal P. and Favell Adrian (Eds.) En outre, la réorientation professionnelle entraîne clairement des stratégies identitaires, telles que la relativisation, la valorisation du nouveau poste comme professionnel ou l’accent porté sur la valeur du travail. La réussite aux examens du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et un permis d'exercice provincial ou territorial sont exigés. Mais je ne suis pas médecin au Venezuela, je suis médecin simplement, tu comprends ? Toutefois, « ne pas entrer dans la lutte » ou ne plus se dire médecin ne signifie pas nécessairement une absence de vocation. Au Québec, selon l’endroit où le DIM se dirige, les conseillers ou les responsables des ressources humaines accorderont plus ou moins de valeur à ses acquis professionnels, lui conseillant de suivre une voie déqualifiante, ou au contraire de se diriger vers des filières où son diplôme est davantage valorisé. Le contexte de la reconnaissance joue beaucoup plus fortement que l’identité pour soi. Et ce , même envers le personnel. “Oui, je suis capable”. Ceux-ci, que nous nommons les « requalifiés », ont obtenu des postes de professeurs (cinq), médecins spécialistes (deux), médecins de famille (trois), étaient en résidence (quatre) ou en démarches pour l’obtention du permis de pratique comme médecin (un). Nos résultats soulignent au contraire que l’identité professionnelle des médecins s’avère flexible dans certaines situations, en particulier s’ils puisent dans des ancrages identitaires antérieurs, c’est-à-dire dans les cas où ils se considéraient polyvalents et avaient occupé au préalable des fonctions hors du domaine de la médecine clinique ou, dans d’autres cas, s’ils ont le sentiment de poursuivre leur spécialité médicale à travers une nouvelle carrière au Québec. Ce sont dans notre population d’enquête les professeurs (et un spécialiste), tous recrutés depuis la France qui ont immigré munis d’une lettre d’embauche provenant d’un établissement québécois et qui ont bénéficié d’une reconnaissance relativement rapide du Collège des médecins (un à deux ans environ). 26Les contraintes de la reconnaissance professionnelle sont nombreuses. L’institution de la santé et de la maladie, Québec, PUQ, IQRC, PUL, pp. Néanmoins, le fait de travailler en santé clinique dans un poste autre que la médecine implique un retour aux études ainsi que des démarches de reconnaissance auprès de l’ordre professionnel concerné, parmi vingt-quatre professions réglementées en santé (CIQ, 2012)12. Pour elle, si l’on veut réussir, il faut « résister » et avoir « beaucoup d’humilité », et « surtout ne pas entrer dans des divergences d’opinions ». 8 Pour trois répondants, le pays de naissance est différent du pays d’obtention du diplôme. [...] Bien je suis allé prendre des cartons ! 11Pour Sainsaulieu (1977), la reconnaissance de l’identité s’inscrit dans un ordre établi qui s’ancre dans « l’expérience relationnelle et sociale du pouvoir ». Wesport, Connecticut, London, Praeger Publishers, 200 p. Shuval Judith T. and Bernstein Judith H. (1996) The Dynamics of Professional Commitment: Immigrant Physicians from the Former Soviet Union in Israel, Smith Micheal P. and Favell Adrian (Eds.) Ils seraient 3 000 non reconnus selon une association de DIM (Sow, 2010). Bardaï Anas (2010) L’intégration professionnelle : perception des médecins immigrants, Maîtrise en administration des services de santé, Université de Montréal, 114 p. Becker Howard S., Geer Blanche, Hughes Everett C. and Strauss Anselm L. (2007 [1961]) Boys in White: Student Culture in Medical School, 10e éd., New Brunswick & London, Transaction Publishers, 456 p. Belkhodja Chedly, Forgues Éric, Gaboury Isabelle, Guignard Noël Josée, Bahi Boniface, Nkolo Christine et Tawil Nada (2009) L’intégration des diplômés internationaux en santé francophones dans les communautés francophones en situation minoritaire. « Dans tous les endroits que j’étais, ils m’ont dit à l’ambassade […] : “Voilà, il faut signer le décès de votre profession”. 87-108. Immigrant Professionals in the Ontario Settlement Service Sector, Toronto, CERIS-The Ontario Metropolis Centre, 43 p. Vapor Victor R. and Xu Yu (2011) Double Whammy for a New Breed of Foreign-Educated Nurses: Lived Experiences of Filipino Physician-Turned Nurses in the United States, Research and Theory for Nursing Practice, 25 (3), pp. Ainsi, durant ses études de technique en santé, Sofia ne confiera qu’elle est médecin qu’à quelques collègues de classe proches, mais pas à ses professeurs : « Je ne le dis pas parce que je pense que ça peut… avoir un effet au contraire négatif ». À partir de témoignages de migrants, nous explorons l’identité professionnelle pour soi, puis les aspects relationnels de l’identité, c’est-à-dire les conditions d’appartenance et la catégorisation. Les usages sociaux des handicaps, Paris, Les Éditions de Minuit, 175 p. Good J. Byron and Delvecchio Good Mary-Jo (1993) Learning Medicine. 43À qui dira-t-on que l’on est médecin lorsqu’on occupe un emploi qui s’en éloigne ?